mercredi 29 février 2012

Paranal : level clear. Proceed.

   Et voilà, c'était la dernière nuit au VLT. J'étais officiellement chargé de faire les observations, en pratique j'ai surtout appuyé sur les boutons qu'on me disait, en essayant de comprendre ce que je faisais. Nuit assez décevante, car malgré des conditions absolument exceptionnelles, les mesures ont été très difficiles, et les problèmes techniques se sont multipliés. Nous avons même dû finir la nuit en avance car un télescope avait rendu l'âme...
   Le matin (i.e. à 14 h), j'ai pu avant le départ profiter une dernière fois de la machine à glace, et de la salle de musique. Car oui, il n'y a pas qu'à Montréal et Berlin qu'il y a des jams ! Au milieu du désert de l'Atacama aussi !
   Ensuite, en route pour Santiago, prêt à enfin rentrer dans le vif du sujet du stage.

lundi 27 février 2012

Paranal J 4 et 5

   Petite mise à jour de mes aventures chiliennes.

   Samedi, je suis monté une fois de plus (c'est devenu une habitude) sur la plateforme lors du coucher du soleil et de l'ouverture des télescopes. J'y ai fait 45 minutes de time-lapse, que je mettrai en ligne quand Bilal l'aura traité. Je dois avouer que l'ambiance, en redescendant sur le sentier à la nuit tombante, était assez exceptionnelle. La lumière était absolument unique, et j'ai fini la route seul, dans le désert, dans le noir, sans même plus voir les lumières de la Residencia cachée par une colline. Pour autant, pas d'angoisse quelconque : la lampe de poche n'était même pas utile, car même un minuscule quartier de lune et la Voie Lactée étaient suffisants pour voir son chemin, avec un ciel aussi pur.

   Dimanche, observations à nouveau. Pour compenser les records de médiocrités atteints par la météo la dernière fois, cette fois nous avons eu des conditions assez exceptionnelles, et les mesures ont pu s'enchaîner efficacement pendant toute la seconde moitié de la nuit.
Les écrans de contrôle du VLTI
La devise de l'astronomie observationelle
UPDATE :
   Voilà le time-lapse, et même pas merci Bilal, puisque c'est moi qui l'ai finalement fait.


samedi 25 février 2012

Des étoiles et des hommes

   Je suis remonté sur la plateforme du VLT lors du coucher de soleil, puis, à 3 h du matin, je suis ressorti passer deux heures en doudoune à photographier les étoiles. Bien sûr, aucune photo ne rend jamais vraiment ce que l'on voit à l'œil nu. Selon la qualité de l'appareil, du télescope, on y voit moins, plus, ou différemment. Dans mon cas en plus, l'appareil n'étant pas excellent, mes photos ne révolutionneront pas la façon dont on voit le ciel. Mais ce sont les miennes, alors elles me plaisent !
Le Pacifique étincelant dans le soleil
Les ATs, ouvert au crépuscule
La Croix du Sud dans la Voie Lactée
   

   Le lendemain, première nuit d'observation. Nous sommes montés en fin d'après-midi pour préparer les instruments. Sur le chemin, nous constatons que la pluie a bel et bien fait revivre le désert : de plus en plus de fleurs, des lézards, des passereaux, un rapace, et les traces d'un renard.
   J'ai pu visiter le "saint des saints" du VLTI : la chambre des lignes à retard. Six jeux de miroirs sur chariots, mobiles sur des rails de soixante mètres, le tout étant précis au micron près. On m'a ensuite présenté PIONIER, l'instrument de l'équipe avec laquelle je vais travailler. Ensuite, dîner rapide, et c'est parti pour dix heures en salle de contrôle. L'ambiance est digne d'un sous-marin : tout est fermé pour qu'aucune lumière ne gêne les télescopes, et, au milieu d'un myriade d'écrans (28 rien que pour nous), les alertes sonores des différents instruments retentissent dans la grande pièce. Je constate à l'occasion que mon inversion de rythme circadien est ratée : je suis épuisé et somnolent.
   Grosse malchance : les conditions d'observations sont lamentables. Résultat, on passe des heures en vain à essayer de trouver les franges de l'interféromètre, les télescopes sont même à un moment obligés de fermer à cause du vent, et finalement, outre quelques calibrations réussies et peut-être utiles, la nuit se terminera sans la moindre mesure fructueuse !
   Espérons que demain les choses fonctionnent mieux !

En bonus, une vidéo de l'ESO:

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jeudi 23 février 2012

Atacama, encore

   Premier soir, première nuit, qui m'ont confirmé la réputation de ce désert : le ciel nocturne est le plus lumineux que je n'ai jamais vu ! Le "ciel de nos ancêtres", qui donnerait effectivement envie à n'importe quel peuple de réfléchir à ce qui se passe là-haut. Les étoiles sont si lumineuses, si nombreuses, que l'on n'arrive plus à distinguer les constellations. La Voie Lactée de l'hémisphère sud, extrêmement lumineuse et dense, le Grand Nuage de Magellan (le Petit aussi !), le Coal Sack, ma première rencontre avec la Croix du Sud, la lumière zodiacale, Jupiter, Mars et Vénus...
   J'ai certes fait quelques photos, mais tout ceci doit être amélioré, donc je m'y remets ce soir !

   Aujourd'hui, je suis allé faire une petite randonnée sur le Star Track, sentier piéton qui relie la Residencia au VLT : environ une heure de montée et 300 m de dénivelé. Sur le chemin, un leitmotiv : tous les cinquante mètres, je ne pouvais m'empêcher de me retourner et de regarder le paysage, que je trouvais à chaque fois plus incroyable. J'ai aussi remarqué à quel point la pluie a eu de l'effet : sur les pentes un peu protégées du soleil et/ou exposées vers l'océan, le désert est étonnamment vert !
   La géologie du terrain est presque aussi impressionnante que le ciel nocturne. Les rochers volcaniques, la poussière rouge, les sillons érodés par les pluies torrentielles... Je vais avoir du mal à vous choisir des photos !
Le Star Track
Un océan de cailloux, un océan de nuage et l'océan Pacifique 
   

Il y a de la vie en Atacama !


Fleur du désert
 Et quelques panoramas pour la route :
180° sur le Star Track
Cerro Paranal
Mais non, le VLT n'est pas du tout impressionant !

[Jawdrop]

   VLT.
   VLT. 
   VLT.
   Very. Large. Telescope. Boudiou.

   On a eu droit à la visite de la plateforme du VLT au coucher du soleil... C'était juste incroyable. Je ne sais pas ce qui était le plus incroyable, d'ailleurs, le miroir de huit mètres, la légèreté apparente avec laquelle le pointage de ce titan ce fait, la mécanique monstrueuse du dôme, ou le coucher de soleil lui-même... Je vais me contenter de photos pour illustrer mon propos !

L'Atacama vu de la plateforme
Le berceau du monstre
Le miroir secondaire sous le dôme
Le miroir primaire et le miroir tertiaire
L'ensemble de la structure, pendant l'ouverture du dôme
Ouverture des volets d'aération, qui
maintiennent le télescope au frais toute la nuit
Désolé pour la qualité, c'est juste une petite illustration, pas un chef-d'oeuvre.
On voit d'abord la rotation du télescope,  puis de la coiffe du dôme, puis le télescope s'incline afin d'éviter de prendre des poussières pendant l'ouverture du toit. Zoom sur les miroirs, qui ne sont pas très propres, mais chaque nettoyage nécessite une semaine de maintenance ; le toit s'ouvre, puis, après ouverture des volets d'aération, les panneaux de la façade s'écartent (à 90°, désolé, je suis bête). La dernière photo montre le réglage de l'étoile artificielle (laser), mais malheureusement la compression empêche de voir quoi que ce soit.

Coucher de soleil sur la plateforme 
Le soleil plonge dans le Pacifique
Deux des énormes UTs (unit telescopes)
"Mes" quatre petits ATs
(auxiliary telescopes) du VLTI
Première étoile sur Paranal. Bon d'accord, en fait c'est une planète : Vénus !

Robot Unicorn Attack

   Le 12 mars sort le clip du single "Fill Us With Fire" de votre groupe préféré Erasure ! Il a été tourné... sur la plateforme de Paranal !

mercredi 22 février 2012

Greetings from Mars

Viking 3 lander - mission day #001 - deployment successful
Bienvenue sur Mars, alias le désert de l'Atacama !
On s'y croirait, hein ? Bon, ok, j'ai triché sur la colorimétrie...
   Tout a commencé par un vol tôt le matin pour Antofagasta, quelques 1100 km au nord de Santiago. Les Andes sur l'aile droite, le Pacifique sur l'aile gauche. L'avantage du Chili, c'est qu'à partir de 2 km d'altitude on voit largement les frontières est et ouest à la fois (un bref calcul vous montrera qu'on a environ 160 km d'horizon de chaque côté, à cette hauteur).
   Antofagasta, c'est plus le "vrai" Chili. Ville côtière et minière, les maisons ne ressemblent pas vraiment à celles du riche quartier de Las Condes à Santiago. Toutes semblent faites à la va-vite, sont vieilles et/ou sales, certaines laissent même de forts doutes quant à leur solidité. Néanmoins, on se rend compte que la ville n'est pas si pauvre que ça : par exemple, les voitures garées devant lesdites maisons sont souvent assez neuves et bien entretenues. Apparemment, les bâtiments souffrent pas mal de la poussière et de l'air marin, et "tout le monde s'en fout" - d'où cette allure décrépite de la ville. Je dois toutes ces explications à Gilles, l'astronome avec qui je ferai les observations dans les jours qui viennent. Nous parlons astro pendant le trajet : la discussion est passionante.
   Le bus nous emmène à Paranal : plus d'une heure et demie de route dans un paysage de plus en plus aride et abandonné. Pour finir, à la sortie d'un tournant, le grand choc : quatre montrueux dômes nous dominent de l'autre côté de la vallée.
   Nous nous installons alors à la Residencia, sorte d'hôtel 3 étoiles au milieu du désert. Il y fait moins sec que dehors : l'humidité est régulée par les plantes et la piscine.

Quantum Of Solace anyone ?
L'entrée du sas de notre bunker 3 étoiles
   Après le repas et la rencontre standard avec un astronome du site pour tout mettre au point, je pars faire une mini-balade de 40 minutes, en restant à moins de 500 m de la Residencia, pour faire des photos. Il y a des nuages, et surtout du vent, ce qui est très mauvais pour les observations (les télescopes sont inopérables au-delà de 18 km/h de vent) et pour moi (en 40 minutes, j'ai de la poussière plein l'appareil et les sinus, et la gorge sèche).
   Pour plus de détails et d'images :
http://www.eso.org/sci/facilities/paranal/telescopes/vlti/
http://www.eso.org/public/images/archive/category/paranal/
Il a plu la semaine dernière, après des années, donc quelques plantes ont reverdi...
... mais normalement il y a surtout des cailloux... 
... et des cailloux.
La plateforme du VLT
Panorama de Paranal
Les nuages
Le vent


Arrivée au Chili (20 février)


   Avec un peu de retard, certes, mais me voilà enfin à Santiago (enfin, non, je n'y suis plus, mais je me mets à jour !) Au programme : 14 h de vol en A340-600, dont environ 10 h de nuit (à 10 000 m : ciel de dingue, je comprends l'intérêt de mettre Hubble en orbite !) et le reste au matin au dessus de l'Amazonie et des Andes.

Au-dessus de l'Espagne
L'Amazonie. Et probablement  pas l'Amazone !
(en fait probablement le Rio Bermejo, affluent du Rio Paraña)
Dédicace Andreotti
   
Les Andes
   A Santiago, le taxi de l'ESO m'emmène à la Guesthouse. Pour citer mes camarades "j'ai pris une grande claque de chaleur", et la Guesthouse, c'est "uchronie coloniale FTW". Je n'ai pas pris de photos, désolé, mais en gros c'est une grande villa coloniale autour d'un super patio, une fontaine, une piscine, des fleurs, des palmiers, un salon et une salle à manger magnifiques, des chambres confortables, une cuisine délicieuse... Mais on a un peu de mal à en profiter sans culpabiliser de voir tous les Chiliens qui s'affairent autour de nous. Et le pire dans tout ça, c'est que je ne paye pas un rond !
   Le soir-même, je suis invité à dîner chez mon maître de stage. D'autres amis sont là, au final beaucoup de gens, beaucoup d'enfants, une soirée très sympa, arrosée au pizco et au vin chilien, et pendant laquelle la tablée a parlé planétésimaux, vélo, énergie noire et éducation sexuelle (et Rue89 au passage...). Après ça, Jean-Philippe craignait que je puisse plus le prendre au sérieux pendant ces six mois ! 
   On a quand même parlé boulot : mon travail s'annonce conséquent, de quoi faire quatre publis paraît-il et une première semaine qui risque d'être intense. Mais le plus dur dans tout ça : la première tâche à laquelle il va s'attacher avec moi, c'est de m'apprendre le tutoiement ! C'est pas gagné...

   Le lendemain, je suis abandonné à mon triste sort (c'est mon choix, Valparaiso se sera pour plus tard), j'en profite pour marcher un peu sous un soleil de plomb dans le quartier et faire des emplettes. Je suis content, je sais maintenant dire un bureau de change en espagnol ! J'explorerai plus Santiago en revenant de Paranal - notamment quand je me serai procuré une carte et un vélo !

lundi 20 février 2012

Madrid

   Il eut été dommage de ne pas profiter du tout de cette journée à Madrid, j'ai donc décidé de faire une promenade à pied dans les environs de l'hôtel. J'ai ainsi visité un petit fort en ruines (Castel de Alameda), un petit parc charmant, mêlant les styles anglais et français (Jardín El Capricho), paraît-il un des plus beau de la ville, et où les pigeons et moineaux sont remplacés par ce qui m'avait l'air d'être les perruches et canaris, et le grand parc de Barajas (Parque Juan Carlos I), où le coucher de soleil sur la ville m'a offert des couleurs magnifiques. Une petite galerie ci-dessous !
Une église au centre d'un échangeur de périph'...
Le quartier de Barajas
Castel de Alameda
Castel de Alameda, partie plus récente :
un bunker datant de la guerre civile

Les "pigeons" madrilènes
Le parc El Capricho
Les canards d'El Capricho
El Capricho, temple de Bacchus
El Capricho : pas d'Ernests ici...

El Capricho : labyrinthe à la française  

Parc Juan Carlos I

Barajas vu du parc Juan Carlos I
Parc Juan Carlos I : une oliveraie