Mon premier matin à San Pedro de Atacama impliquait de se lever à l'aube pour être prêt à prendre le minibus à 7h du matin. Comme d'habitude, de peur de ne pas entendre le réveil, je n'ai pas dormi. Au moins, cela m'aura permis de sortir avec une bonne marge sur l'arrivée du bus, et donc de pouvoir aller admirer le lever du jour sur les volcans de la cordillère.
Au centre, le cône du volcan Licancabur |
Paco me rejoint ensuite, et nous montons dans le bus, remplis pour moitié de francophones, et pour moitié d'une joyeuse bande venue des bords de la Baltique : Danemark, Allemagne, Pologne, Lithuanie... Malheureusement, je ne parviens pas à photographier l'impressionnante sortie du soleil de derrière les volcans, tandis que nous faisons route vers notre première destination : le salar d'Atacama. Le salar, situé au coeur de l'immense réserve nationale des flamants, est une (très) vaste étendue plate et couverte de boue séchée mêlée de sel, parsemée de quelques mares où les flamants viennent s'abreuver, se nourrir de micro-crevettes, et, dix minutes par an, se reproduire. Outre les flamants, nous rencontrons aussi quelques autres oiseaux qui pataugent dans les mares salées. Après avoir photographié les piafs à satiété, nous prenons le petit-déjeuner avec les guides dans la lumière du soleil qui se lève sur le désert.
Flamenco de Chile et Parina chica (flamant de James) |
Caití (avocette des Andes) |
Chorlo de la puna (pluvier de la puna) |
"Le salar est une très vaste étendue plate" |
Nota : la puna étant la région des Andes située entre 3500 et 4800 d'altitude, de très nombreuses espèces du coin, comme ce chorlo (photographié à seulement 2500 m), s'appellent "de la puna". Logique.
Nous avons ensuite repris la route en direction de l'altiplano. Objectif : les lacs Miñiques et Miscanti à 4150 m d'altitude. Le trajet s'effectue sur les routes en terre qui serpentent au milieu de paysages extrêmement variés, et, malgré l'altitude, bien plus hospitaliers que l'Atacama ! Le tout dominé par les fumerolles s'échappant du cratère du volcan Lascar.
Mine de lithium sur le salar |
Il y a un peu plus de végétation qu'en bas ! |
Nous passons le long de Agua Caliente, une zone qui, comme son nom l'indique, est couverte d'eau d'origine volcanique, chaude et chargée en arsenic. Comme on dépasse les 3500 m d'altitude, on ne sait plus trop qu'est-ce qui est concrétions salines ou neige ! Lors d'un arrêt-photos, nous tombons au bord de la route sur une viscache - qui, malgré les apparences, est un plus proche parent du porc-épic que du lapin !
La ESO connection : Paco et moi |
Les effets de l'altitude commencent à se faire sentir en approchant les 4000 m : les migraines se généralisent à bord du bus, et une Espagnole est même atteinte de mal aigu des montagnes (mal de puna)... Malgré cela, les guides nous offrent un petit "bonus" : nous faisons un détour par la Laguna Tuyajto, tout près de la frontière avec l'Argentine, où les excursion ne vont d'habitude pas. Les paysages semblent peints à l'aquarelle (entre autre parce que l'extrême pureté de l'air et les grands espaces gomment toute notion de relief), et nous croisons de-ci de-là de petits groupes de vigognes. Sur la route, nous tombons sur deux touristes chiliennes en 4x4 qui sont tombées en panne et se sont ensablées. Nous prévoyons de les récupérer à la descente, parce que vu comme le coin est fréquenté, elles peuvent attendre en stop jusqu'au nouvel an.
Les plus petits camélidés au monde... |
...fournissent la laine la plus chère au monde (20.000$ le pull) |
Le lac Tuyajto lui même est, à nouveau, bordé de concrétions blanchâtres, et l'eau elle même a une teinte si claire à cause de sa très forte teneur en sels minéraux, (arsenic, soufre et borax, notamment).
Nous mettons ensuite le cap vers le point culminant de l’excursion, les lacs Miscanti et Miñiques. Tandis que nous prenons encore de l'altitude, l'état de notre Espagnole, même avec une bouteille d'oxygène, ne s'améliore pas...
Je vais finir par manque d'adjectif pour décrire le trajet dans l'altiplano, si je dis encore que les paysages étaient magnifiques et variés, et la géologie incroyable. Je vais donc me contenter d'un exemple... géologique. Pendant cette excursion, en quelques 70 km à travers la puna, nous avons vus des paysages formés tantôt par de la cendre volcanique compactée par des glaciers, tantôt par des coulées de laves, des roches volcaniques tantôt ultra-légères (pierre ponce), tantôt ultra-lourdes (fer)... Paysages variés, quoi.
Ce n'est pas de la pierre ponce, mais de la cendre qui a été compactée par les glaciers ! |
Nous sommes finalement arrivé à la réserve qui abrite les lacs Miscanti et Miñiques. Nichés au cœur de cette région séche et volcanique, voici donc deux magnifiques lacs d'un bleu intense, abritant une faune protégée et surplombés par deux sommets, se nommant... Miscanti et Miñiques. Qui l'eût cru.
Vue de l'altiplano depuis l'entrée de la réserve |
Le lac Miscanti, à gauche le mont Miscanti (5622 m) |
Tagua cornuda (foulque cornue) au bec... cornu et pato puna (sarcelle de la puna) au bec bleu |
Le lac Miñiques, à gauche le volcan Miñiques (5910 m) |
Sur la route du retour, nous retrouvons nos touristes ensablées. Il s'avère alors que le différentiel n'est pas cassé comme il avait été dit précédemment (ah, les femmes et la mécanique...), donc il nous "suffit" de se mettre à dix pour pousser le 4x4 pour le désensabler. Quelques efforts plus tard (qui à cette altitude se font immédiatement sentir), elles peuvent reprendre la route. Nous les retrouverons d'ailleurs pendant que nous prenons notre repas dans un restaurant à Socaire, minuscule village perdu dans l'altiplano. Nous apprenons alors qu'elles en sont les propriétaires (et donc pas des touristes, juste des truffes) ! Nous sommes du coup un peu frustrés de ne pas être remerciés de notre dévouement par un petit pisco. Tant pis.
Socaire, outre son resto et les toilettes qui vont avec, offre aussi une ancienne petite église en pierre et en adobe qui vaut le coup d'oeil.
Dernière étape avant le retour à San Pedro : la visite de Toconao, autre village atacamène qui pourrait être un San Pedro bis, si ce n'est qu'il est construit en pierre volcanique au lieu d'adobe, et qu'il n'est pas au milieu d'une oasis, mais du désert. Les rues vides et sablonneuses où court le vent sous un lourd soleil ont tôt fait de me rappeler Sergio Leone, probablement parce que je me suis regardé la "Trilogie du dollar" in extenso il y a quelques temps. Malheureusement, je suis encore très loin d'avoir la classe de Clint Estwood... A Toconao aussi, l'église (en pierre volcanique, donc), vaut le détour. À croire qu'ils sont très fort en églises, dans le coin. Nous sommes d'ailleurs hilares de voir la dévotion avec laquelle une touriste chilienne la visite : en bonne catholique elle fait le signe de croix en rentrant puis s'incline devant l'autel, tout en continuant de brailler dans son portable et en faisant des photos de l'autre main !
Clocher sur la place du village. Notez la porte en bois de cactus. |
Dans le village, un lama (animal domestique je rappelle) déambule, et nous permet de prendre quelques photos. Il nous fait également bien rire en essayant obstinément de rentrer dans la supérette du coin, peut-être à la recherche d'ombre, ou de fruits et légumes, se faisant à chaque fois virer énergiquement par la propriétaire !
Ensuite, retour à San Pedro après une journée entière d'expédition. On n'a peut-être pas assez marché et profité "en vrai" des lieux, le mode de fonctionnement "bus / arrêt-photos / re-bus" frôlant parfois le japonisme, mais avec de telles distances à couvrir (170 km dans chaque sens au total), difficile de faire autrement. Je tourne encore un peu dans le village, profitant des dernières lumières du jour, et je retrouve Paco avec la "bande baltique". Nous décidons de se faire un dîner ensemble. Nous nous retrouvons donc une heure plus tard dans le patio d'un restaurant de Caracoles (la rue principale de San Pedro), chauffés par un énorme feu de bois dont ma couenne rôtie se souvient encore. Après un incontournable pisco, le repas fut savoureux, accompagné de vin chilien, et fort animé, Paco le Madrilène nous donnant des cours d'espagnol, Kim le Danois parlant langskip et hydromel, le reste de la compagnie n'étant pas en reste en ce qui concernait la bonne humeur. Fin fort sympathique d'une journée bien remplie !
suite au prochain épisode...
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