lundi 30 avril 2012

Et ron et ron petit Patagon (jour 1)

   C'était donc il y a deux semaines déjà.

   Après un lever à 5h30, je prends le premier avion de la journée qui m'emmène à Punta Arenas, à l'extrêmité méridionale du Chili. Le soleil se lève sur les Andes pendant notre vol, puis éclaire en lumière rasante les nombreux lacs du sud du pays. 
   Après trois heures de vol, le détroit de Magellan est en vue, et Punta Arenas vue du ciel confirme qu'elle n'est qu'une petit bourgade perdue dans les cinquantièmes hurlants. Lesquels "hurlants" se signalent avant même qu'on puisse poser le pied sur la terre de Patagonie : j'ai beau avoir l'habitude de l'avion, je n'ai jamais été aussi content d'atterrir, tellement j'ai senti les ailes secouées par les rafales et le pilote luttant avec sa machine lors de la manœuvre d'approche. Dans le bus qui nous conduit dans le centre j'ai l'occasion de bavarder avec un jeune du coin qui me conseille que faire, que voir et où aller. Etant donné que mon voyage est totalement non préparé, c'est appréciable. Je commence donc par visiter la ville, qui, outre quelques monuments comme sa cathédrale et la statue de Magellan, n'offre pas grand'chose à voir. En effet, quelques semaines à peine après de fortes inondations, les rues sont encore encombrées de boue et d'alluvions, les trottoirs et les quais sont défoncés, et partout s'activent des pelleteuses pour remettre la commune en état.
   Je teste aussi immédiatement les conditions météorologiques locales : vent glacial et pluie fine quasi permanente. Dans ma promenade solitaire le long de Punta Arenas, je me trouve des compagnons : deux gros chiens me prennent en affection et m'accompagnent pendant environ une heure. Heureusement, la pluie est là pour rincer au fur et à mesure les traces de pattes boueuses et de langues baveuses et enthousiastes dont ils maculent ma veste jusqu'aux épaules. Sur le littoral, une chose me surprend fortement : la quantité de carcasses de bateau qui rouillent le long de la côte, échouées ou à moitié coulées. Le détroit de Magellan semble bien être un cimetière de navires, mais la raison semble ici plus économique que météorologique.
Ah bon ? Pourtant entre la température et les égouts, ça faisait envie...
   Je réserve ensuite pour l'après-midi un voyage à Fuerte Bulnes, au sud de Punta Arenas. Une heure de route pour atteindre d'abord Puerto del Hambre - emplacement d'un ex-fortin espagnol qui devait contrôler le détroit au 16e siècle, et dont toute la garnison est morte de faim et de froid, n'étant pas prête aux conditions extrêmes de la région. L'anse est maintenant devenue un tout petit port de pêche.
  
   Ensuite, nous repartons vers Fuerte Bulnes proprement dit. Il s'agit d'un parc national, abritant la reconstitution d'un fort édifié au 19e siècle par une expédition chilienne. L'entreprise a eu plus de succès que son homologue espagnole, grâce à une meilleure préparation et des moyens plus avancés. Le fort lui-même, construit en rondins et en briques de tourbe, est un endroit magnifique, et les bâtiments, bien que rustiques, offrent une excellente protection contre les intempéries. J'ai aussi pu aller à la Punta Santa Ana, qui est le point le plus au sud du continent américain (ensuite, jusqu'au cap Horn, il n'y a que des îles). Il paraît que des baleines franches sont toujours présentes au large de cette pointe, mais vu que ces bébêtes peuvent plonger pendant une demi-heure sans respirer, je n'ai pas eu la chance de les apercevoir.

 
    Après cela, retour le soir à Punta Arenas. Je fais une réservation pour le lundi pour aller voir les manchots empereurs sur la Grande Île de Terre de Feu, et, comme j'ai appris dans la journée que tout ce qui est glaciers et parcs naturels se trouve au départ de Puerto Natales (à 200 km au nord de Punta Arenas), je prends le car pour trois heures de route à la nuit tombante. Une fois là-bas, je réussis avec mon espagnol encore hésitant à me faire indiquer l'auberge que m'avait recommandé ma logeuse. Après avoir pris une chambre, je peux enfin me réchauffer et me reposer sous un édredon géant.

suite au prochain épisode !

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