mercredi 28 mars 2012

Les sanglots longs des violon(celle)s de l'automne chilien

   Après ce week-end agité (trois séismes notables dans le pays, dont deux sensibles à Santiago, le dernier de magnitude 7,1), laissez-moi vous présenter Carotte.

   Carotte est mon troisième violoncelle. J'ai dû laisser les autres en France pour des raisons évidentes, j'en ai donc acheté un sur place. Impossible de louer quoi que de soit, j'ai donc dû, faute de moyens, acheter ce qu'il y avait de moins cher, en espérant pouvoir le revendre en partant. Carotte est donc made in China, avec tout ce que ça implique de pire, à commencer par la subtilité de son vernis, auquel il doit son nom.
   Premier problème : il est techniquement impossible de jouer sur Carotte, car son chevalet a une géométrie catastrophique. Je me suis donc improvisé luthier pour remodeler et affiner ledit chevalet. Après quelques heures de travail au couteau de cuisine et papier de verre, je suis parvenu a un résultat (presque) satisfaisant.
Carotte...
... et son chevalet. Work in progress
   Deuxième problème : Carotte est équipé de cordes qui relèvent plus du fil de fer que de l'instrument de musique. Du point de vue de l'auditeur, c'est même du fil de fer barbelé longues pointes électrifié. J'ai donc dû aller acheter de vraies cordes (genre, acier chromé tressé, gainé titane ou tungstène quoi). Au final, j'ai mis 166.000 pesos dans les cordes, contre 209.000 dans le violoncelle. Cherchez l'erreur.
Avant
Après
   Mais au moins, maintenant (à un problème de chevalet près, que j'ai merdé mais j'espère rattraper), Carotte sonne comme un violoncelle ! Si si, on peut faire de la musique avec !

   Comment, vous ne me croyez pas ? On ne peut pas faire de musique avec une carotte ? Pourtant, voyez vous-même !


samedi 24 mars 2012

04:28

Cette nuit, quatre heures vingt-huit du matin :
"Brrrrrm !
- Mmmgn, laissez moi dormir !.."

Quelques instants plus tard :
"Brrrrrrrm  !!! (secoue le dormeur)
- Quoi encore ?! Ah, un tremblement de terre. Et alors, je peux dormir, oui ?"

Après vérification le matin, il y a bien eu un séisme de magnitude 5,2 au Chili. Amplitude ressentie à Santiago : V sur l'échelle MSK. Après vérification sur Wikipédia, ça veut dire "réveil des dormeurs". Sic.

Note géographico-sismico-énergétique : Comme le Japon, le Chili est en première ligne en ce qui concerne les failles sismiques dues à la subduction de l'Océan Pacifique. Mais contrairement au Japon, le Chili ne possède aucune centrale nucléaire. En contrepartie, le pays subit régulièrement des coupures de courant intempestives en hiver. Et vous, quel est votre choix ? Fukushima ou un rhume ?

lundi 19 mars 2012

Week-end découverte

   Un petit article pour ceux qui se languissent de ma prose : compte-rendu de ce week-end, et même plus !

   Samedi, de bon matin tant qu'il fait frais, vélo ! Je voulais aller explorer un peu plus les contreforts des Andes à l'Est de Santiago. On dit comment d'ailleurs ? Les pré-Andes ? Les Andilles (ce qui se justifierait climatiquement) ? Passons.
   Juste pour m'embêter, la météo s'est mise en berne pile ce jour là, et, au lieu de pouvoir admirer au loin les majestueux glaciers andins, qui contrastent avec les 30°C et plus qu'on a à Santiago, je n'ai eu droit qu'à une chape de grisaille. Oui, je dis bien glaciers, et pour les incrédules, je rappelle que l'Aconcagua (6962m) n'est qu'à une centaine de kilomètres de Santiago. À nouveau, je dois commencer ma randonnée par une traversée de la ville (environ 10 km au plus court), mais cette fois j'évite les artères principales, et je parcours donc des quartiers résidentiels encore à moitié endormis - forcément, avant dix heures...
   Une fois sorti de Santiago, j'ai pris comme la dernière fois le Camino a Farellones, qui monte vers les stations de ski. Le ciel m'a fait à ce moment la grâce de se dégager, si bien que j'ai pu profiter de cette ascension dans un reste de brume lumineuse ma foi plutôt joli ! Cette fois, j'ai repéré l'itinéraire, et j'ai prévu de quitter la route pour aller faire de la grimpette sauvage sur des chemins à flanc de colline. À l'entrée dudit chemin, je découvre que le passage est privé, et qu'il faut s'acquitter de 1000 pesos pour aller randonner. Évidemment, je n'ai pas un rond, mais je réussis à amadouer le propriétaire en lui disant que je suis là pour longtemps et que je repasserai sûrement payer ma dette. La vraie randonnée commence enfin. Après 20 km et 500 m de dénivelé de prélude, il était temps !
Ce pont très H&S marque le "vrai" début de la balade
   À partir de là, de moins en moins traces de civilisation (si on excepte le 40.000V et parfois une canette abandonnée...). Je croise de petites exploitations agricoles, et les exploitants...
...qui ont vachement la classe.
   Après quelques kilomètres dans ce cadre très agréable, j'ai atteint la dernière étape de mon exploration. La limite était cette fois marquée non par un pont, mais par un gué. Qui était tellement sympa que j'ai décidé d'y faire une pose de quelques minutes (mais non, pas dans le gué, à côté !)
   Ensuite, c'est reparti pour une partie de montée franchement raide et technique, où les seules traces présentes sont celles de chevaux et de motos : pas de piétons aussi loin, ni de cyclistes fous. Je finis par abandonner la partie, non par épuisement (quoique je fusse bien crevé au retour), mais parce que le terrain, très raide et sablonneux, devenait impraticable. J'ai conclu qu'enchaîner des séquences "je patine je m'enlise je tombe je n'arrive pas à redémarrer et je pousse le vélo" n'était pas le but de la rando. Au moins me serais-je offert de beaux panoramas, tout ça pour 60 km et 1000 m de dénivelé !
Les pré-Andes / Andilles / whatever
Je n'irai pas plus loin !
   Le soir, histoire de compenser la fatigue des jambes, Headbang Fest pour fatiguer le reste. Ne m'en demandez pas plus ou vous vous inquiéteriez pour ma santé mentale. Toujours est-il que j'ai profité de l'occasion pour écluser ma première bibine chilienne - et (transition transition !) je vais parler bouffe !
   Je vous recommande donc chaleureusement la Del Puerto "Barba Negra", mais c'est peut-être mon amour des porters qui parle. J'ai hâte de découvrir sa cousine ambrée "Barba Roja". À part la bière, j'ai bien sûr testé les omniprésentes et excellentes empenadas (prenez un carré de pâte, mettez tout et n'importe quoi dedans, repliez), bu du pizco sour (c'est bon mais c'est traître), et essayé de découvrir les fruits d'ici : pepino, goyave, chirimoya ou confiture de patates douces... Bon, dans tout ça, le meilleur, c'est quand même le dulce de leche !

   Je reviens à ma chronique avec un dimanche surprenant : ma logeuse m'a proposé de venir avec elle au ranch de son voisin, sur invitation de ce dernier. Je ne sais pas comment appeler autrement une propriété à l'extérieur de Santiago, avec une maison gigantesque et magnifique, des écuries avec une vingtaine de (très bons) chevaux, des manèges, des pâturages, et surtout un grand terrain de polo. Car oui, notre hôte de 83 ans est un joueur de polo invétéré, et ce depuis plus de soixante ans ! J'ai donc l'occasion de voir en vrai un match "entre amis" de ce sport si peu commun, et de voir en vrai galoper un homme de 83 ans !
   J'ai aussi eu l'occasion de monter moi-même, de découvrir qu'avec des chevaux aussi bien dressés on peut guider d'une seule main, et de tester que le grand galop, ça décoiffe ! Surtout sans casque. Et ça secoue, aussi.
"Mon" dada
   Bon, et avec tout ça, je n'ai même pas fait mon boulot du week-end ! Shame !

jeudi 15 mars 2012

Out now !

Chose promise chose due !
En exclusivité ESO voici le dernier clip de Erasure :


   Et parce qu'il faut savoir rigoler en sciences, je vous transmets ce magnifique article sur arXiv (admirez la qualité des illustrations pages 2 à 4) :
http://arxiv.org/abs/1203.0878

mercredi 14 mars 2012

Freedom !

   Je me disais bien aussi, à force de lire de la biblio, que mon travail avait manifestement déjà été fait des dizaines de fois par des équipes différentes... J'avais finalement raison : nous avons trouvé une version "libre" développée par des collègues, ce qui va m'économiser au moins deux semaines de travail. Les connaissances acquises sur Python seront probablement utiles plus tard.

   Et une petite vidéo pour rêver un peu :

samedi 10 mars 2012

Divers

   Aujourd'hui, mission : trouver un violoncelle. Rapport de mission : échec.
   Par contre, j'ai totalement par hasard trouvé un groupe d'étudiants de l'Université de Santiago qui font de l'escrime ancienne. Entrainement dans une heure !

   Et pour ne pas déroger à la règle qu'il faut des posts geek de temps à autre, voici mon jeu de la semaine : WOLF.
   Wolf est un jeu où vous incarnez un loup. Et le seul but, c'est de survivre : chasser, boire, échapper au humains, s'accoupler, monter dans la hiérarchie de la meute... Le jeu tourne sous DOS (il vous faudra donc installer DOSbox), mais il vaut vraiment le détour. Un détail : survivre, c'est très difficile.

vendredi 9 mars 2012

Parlons chiffons

   Deux coups de gueule en matière de mode et vêtements.
   Primo, j'en ai assez de ce climat où la température passe de 14°C à 32°C entre le matin et le soir ! Le problème est surtout qu'elle passe de 32°C le soir à 14°C le matin : quelle que soit la solution adoptée pour dormir, on étouffe au coucher et on se gèle au réveil.
   Secundo, Vitacura accueille la SFP juste à côté de l'ESO. Non, il ne s'agit pas de la Société Française de Physique, mais de la Style & Fashion Party. Du coup, au moment où on croit traverser un quartier vide en sortant tard du travail, on se retrouve coincé au milieu d'une marée de riches demoiselles venant visiter les échoppes Swarovski et consort, sur tapis rouge, avec un DJ pourri et des LED-bar d'occasion où une diode sur trois est HS.

mercredi 7 mars 2012

Linux marche !! edit : ou pas

   Après moult péripéties, après d'innombrables jours d'efforts, après avoir versé tant de sang, de sueur et de larmes, j'ai enfin un double-boot potable !

Pourquoi on aime Linux :


Pourquoi on n'aime pas installer Linux :


Bon, en fait c'est encore TRÈS loin d'être gagné.

EDIT : C'est marrant, les informaticiens du labo sont vachement plus conciliants une fois qu'on est équipé avec leur machine, même si elle ne sert à rien. D'un coup, ils sont prêt à faire marcher vos programmes, à vous prêter des bombes dépoussiérantes et vous donner des DVD vierges pour graver des installateurs de distribution Linux... Ça devrait aller mieux maintenant.

Free-food et systèmes planétaires

   Mon maître de stage voulait que j'assiste à la semaine de congrès OPSII (Observing Planetary Systems II) à l'ESO. Il n'y avait plus de places, mais j'ai quand même pu m'incruster. Au programme : des conférences, des conférences, des conférences et du free-food. Parmi les conférenciers, la femme de Steve Balbus (ci-après Mme Troll) vous passe le bonjour.

   À noter aussi, différentes populations de chercheurs : le "fonctionnaire" qui arrive tard, part tôt, joue à Cochonland sur son ordi et se préoccupe essentiellement de râler contre la DRH pour des questions d'argent, ou le thésard qui est encore là quand je pars à 21h, et qui bosse malgré qu'il n'ait pas de bourse pour ce semestre...

Vanille - fraise

   J'ai profité d'un dimanche matin pas trop chaud (20°C) pour aller faire du vélo en direction des Andes. La sortie de Santiago le long des grandes artères était assez asthmogène, mais une fois dans les collines, j'ai pu me décaper les poumons à grands coups d'eucalyptus. Eucalyptus, mais aussi chêne nain et olivier, qui a dit que le climat n'est pas méditerranéen ? Bon, d'accord, il y a aussi pas mal de cactus...
   La balade en vélo, qui a duré presque 4h, m'a mené à un "observatorio" qui était une belle arnaque, sur un chemin raide et caillouteux qui m'a fait apprécié d'avoir une suspension.
La route de l'«observatoire»
    J'aurais aussi appris qu'utiliser de la crème solaire, c'est bien, encore faut-il s'appliquer à en mettre partout ! Je me suis donc retrouvé couleur vanille-fraise, avec de beaux coups de soleil dont les limites ont la forme de mes traces de doigts !
   Pour me remettre de la chaleur, j'ai acheté après la rando un litre de glace : il n'y a pas plus petit, sinon c'était le 2,5 L ! Mais goût dulce de leche, pas vanille-fraise.

samedi 3 mars 2012

Santiago

   Santiago, premières impressions.
   Tout d'abord, je précise que je n'ai toujours pas vu Santiago à proprement parler, mais que je suis toujours dans la commune de Vitacura, qui fait partie de la Région Métropolitaine de Santiago. Vitacura est apparemment le Beverly Hills local, pas forcément très intéressant, mais au moins très agréable à vivre : extrêmement vert, très calme. Plutôt cher aussi, je n'arrive pour l'instant pas à faire mes courses pour moins cher qu'à Rouge.
   Marisol, qui m'héberge, n'est pas que francophone, mais manifestement plus que francophile : j'ai eu droit à un porte-clé "6e Arr. - Saint Germain des Prés", j'ai des tableaux de paysages normands dans la salle de bains, et ce qui m'a achevé, c'est dans le placard l'ensemble de trois mugs, bleu, blanc, rouge, portant chacun un entrelacs d'inscriptions Liberté - Égalité - Fraternité...
   Et avec ça, on me demande de progresser en espagnol : des chercheurs français ou anglophones, une hôtesse francophone... C'est pas gagné !
"Chez moi"
Chez moi
   Pour l'instant, au travail, je finis de lire un maximum de biblio, en espérant commencer les choses sérieuses à la fin de la semaine prochaine. D'ici-là, je devrai avoir un ordinateur qui marche. L'ESO, vous l'aurez compris, se situe aussi à Vitacura, sur un site pas vraiment rébarbatif : jardin et palmiers, ombre et verdure. En cette saison c'est appréciable !
   Mais je vais enfin pouvoir explorer un peu plus la ville et les environs : j'ai un vélo ! Je me suis acheté un Trek 3500 tout neuf avec casque, pompe, outils, le tout pour la somme "astronomique" de 230 000 pesos, soit tout juste 360 euros ! Croyez-moi, manier des liasses pareilles n'est pas pratique : beaucoup de billets pour pas grand'chose. 
Ma nouvelle bébête
   Reste à me trouver une carte digne de ce nom, le guide touristique que j'ai acheté n'étant pas vraiment très pratique. Et dimanche : rando !



jeudi 1 mars 2012

Fin du voyage

   Je vais enfin me sédentariser ! Fin des voyages, je m'installe à Santiago pour les six mois à venir.
   Sur le chemin du retour, j'ai plus pris le temps de regarder Antofagasta, qui m'a bien plu. Impressions en vrac : l'architecture variée (pittoresque et décrépite, ou moderne et originale), les condors (?) paraissant presque petits à côté des énormes pélicans, les mines, partout, et, dans le port, les immenses vraquiers et minéraliers qui vont avec, la caserne de la n-ième brigade chilienne, équipée de  deux M3 Stuart, d'un Sherman et d'un Firefly (lol), les palmiers, et, partout, la poussière du désert.
   Une fois à Santiago, direction la maison de Marisol. Après avoir cherché notre chemin avec le taxi qui ne connaissait pas la rue, et tourné dans le quartier parce qu'on m'avait donné un numéro de maison erroné, j'ai finalement atterri à bon port. Je m'inquiétais un peu depuis le "il va vraiment tenir six mois là-bas ?" qui avait échappé à la femme de mon maître de stage, mais finalement je pense que je tiendrais. Je crois que ce qui peut faire peur à certains, c'est l'exubérance de la propriétaire : "Bienvenue à la maison, mon chéri ! Ici c'est chez toi !" (en français dans le texte). Bref, je sens que je vais m'amuser. Et, pour ne pas changer les bonnes habitudes B6, ma chambre donne dans la cuisine.
   Bonne nuit !