lundi 7 mai 2012

Et ron et ron petit Patagon (jour 3)

   Suite et presque fin de mes aventures au bout du monde.

   Lundi, j'ai donc un départ en bateau réservé à 7h30 pour aller voir les glaciers. Pas de réveil-matin, et les propriétaires oublient de me réveiller... Heureusement, je suis tellement stressé que je me lève toutes les heures, et du coup je ne manque pas le départ. Je retrouve une population plus "touristique" (comprendre pas seulement composée de pêcheurs patagons) : un groupe de Syriens, des Genevois, des Américains...

   Si "aller voir les glaciers" ne vous paraît pas un objectif assez motivant pour aller au bout du monde et payer 100 euros pour se geler à se prendre des paquets de mer pendant une journée en bateau, j'espère que les photos qui suivent vous feront changer d'avis.

   Le départ se fait de nuit, et rien que le lever du soleil sur le fjord d'Ultima Esperanza est une vue tellement magique que je ne saurais la décrire autrement qu'ainsi :
   Le voyage commence avec un vent clément qui permet de profiter sur le pont des lumières changeantes qu'offre la météo patagonne et des paysages à couper le souffle qui entourent le fjord.
   Première escale : l'île aux cormorans. Une colonie imposante occupe un petit rocher au milieu du fjord. Et à ceux qui me diront qu'il suffit d'aller en Bretagne voire sur les berges de la Saône pour en voir, je répondrais que les cormorans impériaux sont endémiques de la Patagonie. Na. Nous continuons ensuite à nous enfoncer entre les montagnes, entourés de névés et de cascades, jusqu'à la deuxième escale, qui nous fait rencontrer des bestiaux sympathiques et absents des côtes françaises : des lions de mers, alias otaries à crinières. Si nous ne voyons pas de grands mâles, qui donnent son nom à l'espèce, nous assistons en revanche aux ébats des petits nés cet été, au côté de leurs mères. Un groupe de dauphins australs nous suit pendant un moment, mais ces acrobates sont trop rapides pour que j'ai le temps de dégainer mon appareil photo...
    Les glaciers commencent à se faire voir, accrochés aux sommets qui nous entourent. Rien de très différents des Alpes, me direz-vous... Si ce n'est le cadre et les couleurs, jugez vous-mêmes. Plus nous remontons dans le fjord, plus le vent de face forcit, les vagues commencent à arroser le pont. Et, dans les rafales, nous sommes survolés par le maître des cieux andins.
   Nous faisons ensuite une pause au pied d'une cascade magnifique, avant de reprendre notre route vers les montagnes. Bien que j'apprécie de rester sur le pont à "braver les éléments" même quand l'équipage s'abrite, je suis moi aussi obligé de me rentrer peu après, vaincu et trempé jusqu'à l'os : deux grosses vagues, déferlant sur le pont supérieur (!), auront raison de ma détermination. Nous arrivons enfin au glaciar Balmaceda, premier point clé de notre expédition. La vue du glacier se dévoilant lorsque nous doublions un cap m'a littéralement coupé le souffle. Les séracs d'un bleu incroyable nous accueillent au milieu de la brume, de la pluie et du vent. D'après le guide, la couleur unique de la glace est le principal avantage d'avoir un temps pourri. Sous une lumière plus crue, elle paraît banalement blanche. Point écologie : ce glacier atteignait la mer il y a moins de quinze ans...
    La suite du voyage se fait à l'abri de la cabine, pour les raisons sus-citées. Après encore une demie-heure de navigation, nous arrivons à notre dernière destination : un lagon, fermé par un tout petit détroit qui à marée basse se mue en un simple torrent. Ce lagon est l'embouchure du glaciar Serrano. Nous devons débarquer et marcher quelques kilomètres pour nous en approcher. Une fois de plus, les mots seront bien incapables de décrire cette merveille de la nature. Je peux par contre décrire le temps de chien que nous subissons, la pluie battante qui détrempe tout ce qui n'est pas en Gore-Tex, y compris l'appareil photo qui a commencé à refuser de s'ouvrir et se fermer correctement.
    Après cet épisode grandiose, retour au bateau pour se sécher autour du radiateur et trinquer autour d'un pisco sour servi avec ... la glace du glacier. Si si.
   Viens enfin la pause déjeuner, il commençait à faire faim. Nous avons droit à un barbecue géant (qui m'a confirmé ce qu'on disait : ils savent faire l'agneau, là-bas...), pendant lequelle la guide des Suisses a fait montre de ses talents musicaux. 
   Sur la route du retour, le beau temps revient, et c'est dans la lumière dorée de la fin d'après-midi que nous rentrons au port.
    Après cette journée incroyable, je dois reprendre la route pour Punta Arenas où je devrais prendre mon avion de matin. Je passe donc à nouveau trois heures à somnoler dans le bus, trempé et gelé, mais sacrément content !

Nota : si quiconque veut des posters de la cascade ou des deux glaciers, j'ai des photos en super HD !

mardi 1 mai 2012

Et ron et ron petit Patagon (jour 2)

   Vous avez de la chance, le 1er mai me permet de continuer à écrire !

   Dimanche matin, donc, petit déjeuner à l'auberge Los Pinos, dont les propriétaires sont adorables. Je me renseigne alors sur les possibilités de prendre un bateau pour aller voir les glaciers ou un bus pour se rendre au parc national de Torres del Paine. J'apprends alors que venir faire le touriste en saison creuse, ça n'a pas que des bons côtés. Certes, tout est vide et "pour moi tout seul", mais tout est fermé... Les opérateurs touristiques réduisent leurs activités au moins de moitié, du coup les bus et les bateaux gardent uniquement leurs départs sur réservation à 7h du matin, et tous les départs à 10h30 ou 14h sont annulés. De même, trouver quoi que ce soit d'ouvert dimanche relève de la mission impossible : magasins, office du tourisme, locations de matériel ou de voiture... Rien, il n'y a rien. 
   Je passe donc l'essentiel de la journée à visiter la ville (encore plus petite que Punta Arenas), et à me renseigner auprès des gens du coin : vendeurs, pêcheurs... Au moins aurais-je pratiqué mon espagnol. Je me trouve à nouveau des compagnons à fourrure dans la ville : un groupe de chats hyper-câlins qui m'escalade de partout et réclame des caresses, ainsi qu'un énorme berger allemand, qui va spontanément se choisir un caillou au bord de la route, le rapporte et le dépose à mes pieds pour qu'on joue ensemble à la baballe !
Vue du fjord d'Ultima Esperanza depuis l'extrémité d'une jetée
   Finalement, en début d'après-midi, je trouve un bar qui loue aussi des vélos. Le bonhomme se croit obligé de m'expliquer comment on change les vitesses, tandis que j'ai envie de lui répondre que son dérailleur rouillé est une catastrophe. Finalement, après avoir essayé trois biclous pourris, j'en trouve un qui tiens la route et je pars faire du vélo au milieu de rien. Aucune chance d'atteindre Torres del Paine qui est à presque 100 km, mais au moins je me mets dans l'ambiance de la Patagonie désolée. La route a beau être plutôt plate, il y a un tel vent de face que je mets environ moitié moins de temps à l'aller qu'au retour !
Ok, les raccords sont pourris sur ce panorama, mais je n'y peux rien !
   À mon retour en ville, je passe un coup de fil à l'agence de Punta Arenas avec laquelle je dois aller voir les pingouins (alias manchots) le lendemain. J'apprends alors que faute de touristes, l'excursion est annulée : ils ne vont pas appareiller juste pour deux ou trois personnes. Je n'ai donc finalement aucune raison de rentrer à Punta Arenas, et je peux donc rester pour rentabiliser mon séjour à Puerto Natales, qui jusque là était assez décevant.
Photo bonus :
devant un bar à bières, ce panneau indique l'origine des bières servies.
Bizarrement, tout pointe vers le Nord !
suite au prochain épisode !